ADOLESCENCE – Comment dépasser l’inhibition et le repli sur soi ?

Publié le 10 mars 2025 à 10:28

L’inhibition de l’adolescent cache-t-elle un vide, ou un trop-plein ? L’inhibition et le repli sur soi de l'adolescent peuvent constituer une réaction pour ne pas que survienne l’angoisse. Parfois, c'est le renforcement d’une inhibition déjà présente dans l’enfance. Mais l’inhibition pourrait aussi constituer le point de départ de la dépression. 

ADOLESCENCE. L’inhibition peut constituer une réaction pour ne pas que survienne l’angoisse. L’inhibition peut cacher des éléments névrotiques comme des éléments psychotiques. Pour Sigmund Freud, l’inhibition a une valeur fonctionnelle dans l’économie psychique du sujet : « l’inhibition est l’expression d’une restriction fonctionnelle du moi » (in. Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse, Paris : Cairn, 2014, pp. 5). L’inhibition est un symptôme, une réaction qui tente de protéger le sujet face à l’angoisse. Pour Sigmund Freud il y a deux types d’inhibition : l’inhibition spécialisée, dans laquelle le moi renonce à une fonction, et l’inhibition générale. Il précise : « Bien des inhibitions sont manifestement des renoncements à la fonction, parce que, dans l’exercice de celle-ci, de l’angoisse serait développée ».


L’inhibition qui apparait à la préadolescence ou à l’adolescence est parfois le renforcement d’une inhibition déjà présente dans l’enfance. Dans les approches développementales, on distingue plusieurs formes d’inhibition, avec en premier lieu l’inhibition relationnelle (ou timidité, qui est la plus visible), l’inhibition psychomotrice, et les formes qui présentent le risque de conduire l’enfant à l’échec scolaire : l’inhibition de l’attention, l’inhibition de la mémoire, et l’inhibition intellectuelle (inhibition du raisonnement, inhibition de l’imagination, inhibition des apprentissages scolaires). Dans l’inhibition du langage, Dominique Guilleminot et Yves Crombez décrivent que « la parole est rare, courte, sans ornement, et sans développement spontané. Lorsque l’enfant s’autorise à parler, sa réponse reste souvent informative et non descriptive, constituée d’un simple acquiescement ou d’une négation ; elle ne contient ni ornementation langagière, ni manifestation ludique, aucun élément pouvant être un appel à l’autre » (in. Dominique Guilleminot et Yves Crombez, « Sémiologie élémentaire de l’inhibition » dans L'Enfant inhibé, Paris : Presses Universitaires de France, 1989, pp. 14-61). 


L’inhibition de l’adolescent cache-t-elle un vide, ou un trop-plein ? Si l’inhibition est le signe que l’adolescent est « vide », il s’agirait alors avant tout de relancer l’activité fantasmatique. Alors que si l’inhibition vient d’un excès de l’activité fantasmatique, qui produirait des fantasmes trop crus et insuffisamment traités, il s’agirait alors plutôt de la ralentir. Il y a sans doute la coexistence de ces deux versants : beaucoup d’adolescents inhibés sont habités par un clivage intérieur, entre d’un côté un trop-plein, et d’un autre un trop-vide, comme Jeanne qui témoigne se sentir débordée, et en même temps asséchée.


L’inhibition pourrait constituer le point de départ de la dépression. Pour Sigmund Freud, les inhibitions sont « des restrictions des fonctions du moi, soit par précaution, soit à la suite d’un appauvrissement en énergie » (in. Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse, Paris : Cairn, 2014, pp. 7). Daniel Widlöcher accorde à l’inhibition et au ralentissement une place centrale dans la dépression, dans la théorie du ralentissement dépressif. Il distingue deux formes d’inhibition dépressive : l’une « affecte un secteur des contenus de pensée du sujet », et l’autre, plus globale, touche « l’ensemble de l’activité du sujet ». Cette dernière s’exprime par un « ralentissement psychomoteur, d’altérations cognitives et d’impressions subjectives interprétées selon les cas comme une fatigue, un manque de volonté ou un manque de concentration » (in. Daniel Widlöcher « Dépression et anxiété », Revue française de psychanalyse 66, n° 2, 2002). L’adolescent est empêché ; on peut avoir l’impression que toute sa pensée est à l’arrêt.

 

 

Publié par Mathieu Salsi

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