Le test de Rorschach est le plus célèbre de tous les tests psychologiques. Ce n’est pas un test d’imagination, mais un test de personnalité. Il est constitué de dix planches différentes : ces planches sont « des taches d’encre symétriques ». Le test de Rosrchach se fonde sur le principe selon lequel le patient projette son monde psychique interne sur les images abstraites qui lui sont présentées.

Le test de Rorschach est un test utilisé pour évaluer les processus de pensée d'une personne, les aspects inconscients de sa personnalité, et les processus cognitifs et émotionnels. Le Rorschach se fonde sur le principe selon lequel le patient projette son monde psychique interne sur les images abstraites qui lui sont présentées, en l’occurrence une série de 10 cartes abstraites, chacune montrant des taches d'encre symétriques. On considère communément que le test de Rorschach renvoie à l’image du corps, au rapport entre pulsion et fantasme, et qu’il peut mettre en lumière divers aspects de la personnalité d’un sujet (comme son style cognitif, ses émotions, ses perceptions, ses mécanismes de défense, ses traits de caractère).
Le concept de projection
La « projection » est la notion psychanalytique qui permet de comprendre l’enjeu du test de Rorschach. Dans la théorie psychanalytique, la projection désigne l’opération par laquelle le sujet attribue à l’extérieur, et en particulier à l’autre (personne ou chose), des pensées, des affects, des sentiments, qui en réalité lui sont propres, mais qu’il méconnait comme tel. S. Freud introduit la projection en 1911 dans son texte « Le président Schreber ». L’hypothèse de S. Freud est alors que ce patient ressent un amour homosexuel pour son médecin, mais que cet amour est complètement inconciliable avec son Moi. Concrètement : le président Schreber ne peut pas imaginer ni supporter ce ressenti et ce désir homosexuel, donc il y a un double retournement : d’abord une sorte de « je ne l’aime pas, je le hais », suivi d’un mouvement de projection de type « ce n’est pas moi qui le hais, c’est lui qui me hait ». Donc le patient finit par attribuer à l’autre personne cet amour retourné en haine.
La projection est un mécanisme de défense inconscient. Par cette opération, le sujet transfère et localise chez l’autre, un élément inconscient de lui qu’il ne reconnait pas comme sien. Lors des passations de ces épreuves, le patient est mis dans une situation particulière : il est soumis à des stimuli (les taches d’encre) qui sont vagues et ambivalents. Cette ambiguïté des stimuli favorise la projection, car le participant est invité à percevoir une réalité extérieure, et à l’interpréter, c’est-à-dire à transférer ses propres pensées et son imaginaire. Le sujet cherche, dans le matériel qui lui est présenté, ce qui fait écho à son monde interne.
Lorsque le sujet interprète ces stimuli en fonction de ses pensées, il projette ses propres significations et livre des récits qui contiennent ses conflits internes, ses désirs inconscients, sa personnalité, ses fantasmes, ses angoisses. Les histoires racontées sont le reflet des éléments inconscients du sujet. Le thérapeute, en interprétant les projections du patient, peut comprendre le fonctionnement et avoir accès à l’inconscient. Le Rorschach repose donc d’abord et avant tout sur la projection, qui est, finalement, à entendre comme une modalité d’expression. Le patient dit ce qu’il voit dans la planche, c’est-à-dire la réalité extérieure qu’il perçoit, et en même temps il projette sa réalité interne, son imaginaire et ses fantasmes : l'histoire qu'il raconte est un compromis entre sa perception et sa projection, et ce conflit entre principe de réalité et principe de plaisir donne son sens à l’épreuve projective.
Activité ludique
Le test de Rorschach est un objet médiateur réel, concret, qui a une existence matérielle. Par l’ambiguïté du stimuli, cet objets induit la régression du patient : la situation projective invite le sujet à régresser, et à jouer dans un espace transitionnel entre le clinicien et lui. La passation de l’épreuve est en réalité une activité ludique et créative, avec des objets médiateurs que sont les planches de taches d’encre. Cette activité est d’autant plus ludique qu’elle ne fixe pas de barrière à la créativité, ni de contrainte de temps pour la durée de la passation.
Echange facilité
Les méthodes projectives comme le test de Rorschach sont des outils qui améliorent la compréhension et facilitent les échanges entre le patient et le thérapeute. En effet, avec certains fonctionnements psychiques, la discussion en face-à-face peut être difficile : parler de soi n’est pas forcément chose aisée pour le patient, se prêter à la libre-association non plus. En mettant un support tiers entre le thérapeute et le patient, en demandant au patient de produire un récit sur des éléments qui paraissent extérieurs, des images presqu’anodines et neutres, le patient se sent moins oppressé, moins jugé, plus libre pour s’exprimer. Les méthodes projectives permettent donc de voir des fragments cliniques auxquels on n’aurait pas forcément eu accès autrement.
Rencontrer l'autre
Le test de Rorschach vise à dessiner les contours d’une personnalité, et à explorer dans une approche dynamique les grands conflits internes d’un sujet. Les projections que le patient fait, donnent au thérapeute un certain nombre d’indices sur des éléments inconscients, la nature de ses fantasmes (fantasme œdipien, de castration et de séduction), ses conflits internes et son rapport aux conflits, la nature de ses affects, et ce qui caractérise sa personnalité. Le clinicien va ainsi pouvoir explorer les mécanismes de défense, les processus de pensée, le rapport à la réalité et l’imaginaire du sujet.
Avec les méthodes projectives, on cherche à accéder aux processus psychiques et aux contenus conscients et inconscients, d’une personne, c’est-à-dire à explorer les couches les plus profondes de la psyché. A partir des résultats du test de Rorschach, et en utilisant d'autres données cliniques dont celles issues de l’entretien, le thérapeute peut parvenir à identifier la manière dont une personne organise ses pensées, ses émotions et ses expériences, dans son espace psychique interne, c’est-à-dire à mettre en lumière l’organisation dynamique du fonctionnement psychique. L’analyse fine des protocoles du test de Rorschach permet de situer le patient par rapport à ses conflits internes et de mettre en évidence le conflit intrapsychique qui l’anime. Néanmoins, l’interprétation des réponses à ces tests complexes n’est qu’un des éléments composant une évaluation, qui ne peut pas se résumer à eux.
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